Historique
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Cependant, l’une d’elles s’absenta et revint presque aussitôt me dire : c’est dans le chapitre de “la parure”(XLIII, 71) ce qui était exact. Elle tenait le renseignement de Khadijetou Mint Mohameden Fal(…) qui possède le Qoran à fond et l’enseigne aux fillettes.
Et pourtant ils sont nombreux dans le Livre-Saint les versets sur le Paradis. Une autre fois, je demandai à cette dernière de me retrouver un texte bien plus court encore : “ils offrent à Dieu ce qu’ils dédaignent”. En moins de cinq minutes elle me donna la réponse (XVI, 64) Les femmes qui connaissent de longs passages du Qoran ne sont pas rares.
C’est qu’en Mauritanie l’instruction n’est pas en effet, le privilège des garçons seuls ; nombreuses sont les filles qui vont étudier auprès d’une femme marabout et il en est de meme qui reçoivent un enseignement assez poussé. A ce point de vue de je pense que les femmes maures sont plus avancées que leurs soeurs du monde musulman, sauf peut-être en Tunisie.
D’après un article paru dans le Reader’s Digest d’avril 1949 (page, 23) il y aurait en Arabie 95% d’illettrés, chiffre qui me paraît invraisemblable. Et J.L. Burckhardt raconte que lorsqu’il se trouvait au Caire c’est tout juste si l’on aurait pu rencontrer une femme sur mille qui sache lire(1).
Malgré un Hadith qui dit que “l’instruction est un devoir pour tout musulman et toute musulmane” l’instruction féminine, en terre d’Islam, au lieu d’évoluer a généralement rétrograde. Il n’ya pas de doute qu’autrefois pourtant elle était à l’honneur. La bibliothèque de la grande mosquée de Kairouan possède un Qoran d’une belle écriture et enrichi d’enluminures d’or, sur le dernier feuillet duquel est inscrit ceci “au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux, ceci est une fondation pieuse de Fadl, affranchie d’Abu Ayyub Ahmed Ben Mohammed, Dieu ait pitié de ceux qui liront (ce livre) et prieront pour celle qui l’a copié. Ecrit par Fadl, de sa main, en moharrem de l’année 295(2)”.
(…)Dans Der Islam de T. Mann on trouve même la reproduction d’une vieille miniature représentant une femme faisant un cours dans une Mosquée(2). Les raisons qui expliquent la disparition de l’enseignement féminin dans la plupart des pays musulmans ont été exposées clairement par Sadok Zmerli, représentant tunisien au Congrès de l’Afrique du Nord, tenu en 1908 au sujet de l’instructionde la femme musulmane: “L’orient musulman a vu, jusqu’au début du XII siècle, fleurir une incomparable civilisation. Des femmes, et en nombre considérable, professèrent dans les universités ibériques, illustrèrent de leurs oeuvres les mosquées de Kairouan ou du Caire, excellant dans la poésie, la littérature, la philosophie, le droit, voire la politique…
A la suite de profonds bouleversement sociaux dus aux guerres intestines et extérieures qui amenèrent le démembrement de l’empire du Commandeur des Croyants, à la suite aussi des scissions religieuses, la philosophie de l’Islam subit des alterations multiples qui la déformèrent complétement.
Il demeure cependant que la Loi coranique, eminemment sociale, prescrit aux Musulmanes comme Musulmans de rechercher l’instruction indispensable à la connaissance de la relgion et des devoirs qui en découlent. Seule une interprétation étroite et erronée des livres sacrés eut pour conséquence la disparition graduelle de l’enseignement féminin, et, avec le temps, on finit par croire que le Prophète la (sic) réprouvait(3).
Pourtant Aichetou l’épouse de Mohamed était une femme lettrée. Pour ne parler que de l’un d’entre eux, elle connaissait douze mille vers de Lebid, le grand poète des Beni Aamir. Maints hadit ont été transmis par elle et elle-même a enseigné de nombreux disciples du Prophète.
(…)En Mauritanie, l’installation des Arabes en maîtres ne date que du XVème siècle. A leur arrivée ils trouvèrent une société berbère profondément islamisée ; dans la seconde moitié du XIème siècle les Lemtouna, ces champions de l’Islam n’avaient-ils pas fondé la dynastie des Almoravides? En face du vainqueur, véritable barbare inculte, ces Zwaya ou marabouts représentaient donc une élite spirituelle. D’autre part, le désert, particulièrement propice à la méditation, resta à l’abri de ces grands bouleversements qui frappèrent le monde musulman. Les vieilles institutions s’y sont donc maintenues plus longtemps et c’est pourquoi l’enseignement féminin est toujours en vogue en Mauritanie ; ce n’est qu’actuellement qu’il commence à péricliter comme celui des garçons d’ailleurs.
(…)Et maintenant à quoi sert l’instruction des filles, en Mauritanie surtout, peuto-on se demander. Tout simplement à honorer Dieu et sa famille. Au XXème siècle, cela ne veut plus dire grand chose. Mais Dieu merci, ici nous n’en sommes pas encore au XXème siècle. D’autre part, l’instruction féminine est surtout en honneur dans les tribus maraboutiques et ce sont elles uniquement qui fournissent le personnel enseignant. Certaines femmes se consacrent donc à l’enseignement et leur tâche est double ; enseigner les fillettes des marabouts pour le maintien des bonnes traditions et enseigner les enfants de quelques grandes tentes guerrieres. (…) Voici le nom de quelques unes d’entre ces femmes qui ont ilustré le pays maure par leur savoir. Cette liste est loin d’être exhaustive ; leur énumération déborderait d’ailleurs le cadre de cette étude et ces quelques noms ne sont donnés qu’à titre d’exemple. Khnata Bent Bakkar Ben Ali ElBarkani que le Sultan du Maroc Mulay Isma el épousa lorsqu’il se rendit à Tichitt, en 1689 et dont le fils régna au Maroc sous le noms de Mulay Abdallah.Teslem Ben Amar Egdebija, savante et sainte des Tendgha qui vécut au XIème siècle de l‘Hégire (XVIIème siècle).Ghadija Bent Mohammed el Aaqil des da-bhum(…).Ghadija eut d’illustres disciples”.(“De l’enseignement arabe féminin en Mauritanie” in BULLETIN DE L’IFAN, n°3 (tomeXIV) de juillet, 1952.).