Mariage
Mariage
Milieu Soninké
“Le mariage ressortit traditionnellement plus à une alliance entre familles qu’à une union entre individus. Toutefois il peut sembler que les sentiments individuels entrent de plus en plus en compte.(…)L’âge au mariage est différent pour les garçons et pour les filles. S’agissant d’un premier mariage, l’époux a généralement dépassé 25 ans e se rapproche plutôt de 30. Pour la jeune fille, c’est très souvent entre 15 et 17 ans qu’elle est épousée. Pour un second, troisième ou quatrième mariage, la différence d’âge est en général encore plus élevée. Il Semble qu’il n’en ait pas toujours été ainsi et qu’on ait assisté dans l’histoire récente, à la fois à une élevation de l’âge des hommes au mariage et à une dimunition de celui des filles. On peut penser qu’il existait historiquement un réel déséquilibre entre les populations de femmes et d’hommes, celles-là bien plus nombreuses que ceux-ci. Les hommes étaient en effet bien plus exposés dans les guerres incessantes, les voyages commerciaux lointains et risqués. Cette situation a perduré pendant la période de colonisation (guerre de conquête, recrutement pour l’empire d’El Hadj Omar Tall, pour les guerres mondiales, les guerres coloniales : Indochine, Algérie…, développement de l’émigration), mais en s’atténuant. Le phénomène polygamique n’a pu se maintenir (on a pu dénombrer lors d’une enquête partielle 155 femmes mariées pour 100 hommes) que par l’extension du nombre des épouses : baisse de l’âge au mariageet, symétriquement, par la dimunition de la pression de la demande en mariage= recul de l’âge d’accès au mariage pour les hommes. Ces deux mouvements ont une limite et la régulation se fait par d’autres moyens : hausse du coût financier du mariage, exclusion et/ou démission de certains jeunes célibataires contraints ou désireux d’aller chercher ailleurs…”
(“Parlons soninké”, GIRIER Christian, ed.L’harmattan, 1996, p.198-200).
Milieu Pulaar
“(…)un autre proverbe qui dit “duhol mehol buri wellundu” qui veut dire “prend une simple ceinture plutôt ue de rester sans pantalon”. Dans ce proverbe, l’image est très forte. Par ceinture (duhol), on entend l’homme qu’ele désigne paar métonymie de la partie pour le tout. Ce nom est déterminé au moyen d’une métaphore “mehol” (vide) qui signifie pauvreté. Donc choisis n’importe quel homme meme s’il est frappé d’une extrême pauvreté pour ne pas rester eternellement célibataire (wellundu) : rester sans pantalon. e mri est vu dans ce cas, comme celui qui protège les parties intimes de la femme en ce sens qu’en épousant un homme auquel elle est fidèle, la femme se préserve d’une certaine obsession. Le proverbe semble jouer, au-delà de toutes considérations formelles, une fonction cathartique. Il s’adresse aux jeunes filles capricieuses et ridicules qui exigeraient que leurs prétendants fussent des hommes suffisamment riches sinon ils n’auront droit à aucun égard d’amour”.
(Extrait de “Chants et signes sémiologiques dans le mariage tranditionnel en milieu Poular”, mémoire de maîtrise présenté par N’DIADE, Mohamed Moustapha, FLSH, Université de Nouakchott, p.10-1992-1993).
En milieu maure
La cérémonie de mariage :
La cérémonie de mariage commence d’habitude par sept youyou pour propager la nouvelle parmi les gens. Ensuite les youyou et les chants continuent, les tam-tams résonnent ! La femme porte un voile en guinée (bleu nuit) le jour de ses noces. On dit que la femme divorcée ne tresse pas les cheveux de la mariée de crainte qu’elle ne soit divorcée comme elle. Elle doit être coiffée par une femme qui vit la stabilité avec son mari !
La dissimulation de la mariée :
Pendant les jours de noces, compris entre trois et sept jours, les amies de la mariée essaient de l’enlever et de la cacher dans un endroit inconnu du marié et de ses camarades. Par crainte de cela, les amis du marié maintiennet une étroite surveillance et surveillent la mariée. Des tentatives sont effectuées pour enlever la mariée, émaillées d’une lutte acharnée opposant les amis du marié et les copines de la mariée. Quand ses copines réussissent à enlever la mariée, elles la cachent. Puis le marié et ses amis commencent à la chercher partout. Cette recherche peut durer deux ou trois jours. La société pense que cette habitude est inspirée de l’époque du Prophète (paix et salut sur lui),c ar l’une de ses disciples « Asma Bint Oumeyss » a caché Fatima, la fille du Prophète PSL, le jour du mariage de celle-ci et on dit que le Prophète (PSL) la dit à Asma « Qu’Allah garde celui qui se fait garder par toi ». Cette habitude existe toujours, notamment dans les sociétés rurales.
La rentrée de la mariée chez ses beaux-parents :
Quand la mariée est amenée chez ses beaux-parents elle pleure beaucoup et fait semblant de vouloir partir ! D’habitude, elle apporte beaucoup de mobiliers, de cadeaux de valeur et d’objets divers. La femme distribue ces présents à tous les parents proches ou lointains de son mari. Ce qu’apporte la femme chez ses beaux-parents porte le nom local de « Feskha » ou « Henna » et les mères se vantent de la quantité et de la valeur qu’elles envoient aux beaux-parents de leurs filles. Durant les premiers jours chez ses beaux-parents, la femme reste masquée ne montrant son visage à personne, parlant à voix basse et refusant de manger et de boire sauf après beaucoup de prière et d’insistance.
Dans l’ancienne société, la femme passait une année avec ses beaux-parents avant d’aller sous sa propre tente. Cette habitude se rarifie dans la société mauritanienne moderne car la femme va dans la maison de mari la première nuit de noces et devient maitresse de ceans dès le premer jour!”.
(Extrait de « Femme mauritanienne : dualité de l’harmonie et la mésentente » de MINT MEILOUD , Hawa, S.E.C.F., 2001, p64-65).
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Le mariage secret ou “serriya” :
“Le mariage (az-zawaj) tient une place majeure dans l’islam car la structure de base de la société islamique est la famille. Le Coran et la Sunna (tradition prophétique) recommandent de se marier et de marier ses proches. Mais le mariage islamique n’est pas un sacrement comme le mariage chrétien, c’est un contrat passé entre la femme et l’homme, définissant les droits et obligations de chacune des deux parties et garantissant, surtout à la femme, tous les droits pendant le mariage et après la séparation.
Ce rappel est important pour moi, qui ne suis ni théologienne, ni anthropologue, pour introduire un sujet qui m’interpelle à plus d’un titre, au vu de l’ampleur qu’il commence à prendre dans nos sociétés, et devant lequel je ne peux m’empêcher de poser un certain nombre de questions.
Dans la société maure, héritière d’une forte culture matriarcale, les us et coutumes, à quelques différences près, passent obligatoirement par certaines étapes :
- al- Khoutba : la demande de la main de la fille par la famille ou les représentants du marié. Cette formalité peut se passer en assemblée restreinte ou devant une assemblée familiale élargie et permet de fixer la date de la cérémonie.
- al-machoura : les familles des mariés invitent, sous une forme consultative, les siens à participer à la cérémonie. Cette étape ressemble à la publication des bans chez les chrétiens, car elle permet aux personnes détenant une information capitale, susceptible d’empêcher le mariage, de venir la délivrer : ceci est important dans une société où certains liens de lait peuvent prohiber le mariage au même titre que certains liens de sang.
- al-aqd : l’acte du mariage : cette formalité doit être accomplie par un érudit ou un notable ou une personne âgée bien informée sur les deux parties, particulièrement sur la mariée, dans un lieu ouvert et accessible au public. Il est fortement recommandé de promulguer cet acte part toutes les voies de communication : témoins, écrits, you-yous, tamtams, etc.
- al-nikah : consommation du mariage qui conclut l’acte et le rend effectif après versement de la dot (mahr) à la mariée.
Une fois sous la tente, autrefois propriété de la mariée, le mari devait traiter avec beaucoup de respect son épouse, car la société le jugeait en fonction de son comportement avec son gynécée : ses épouses, sa mère et ses sœurs : ne sont-elles les « pièces de son turban » ?
L’homme a le droit (et pas l’obligation) de prendre jusqu’à 4 épouses, simultanément, sauf dans les dans les deux cas suivants :
– s’il ne peut pas être équitable avec chacune de ses femmes (temps consacré, biens…)
– ou si la femme a fait préciser dans le contrat de mariage qu’elle n’acceptait pas la polygamie de son mari.
Aujourd’hui, nous assistons à un phénomène nouveau dans notre société : as-sirriyya ou le mariage secret, pratiqué surtout en milieu urbain et par toutes les catégories sociales.
Je dis nouveau, car cette forme de mariage était une exception concédée à des femmes vivant en milieu rural, qui n’avaient pas d’autres choix pour préserver leur dignité : veuves ou divorcées quinquagénaires, qui avaient un statut social bien ancré et reconnu qu’elles risquaient de perdre en contractant un mariage tardif difficilement justifiable.
Le mariage secret pratiqué aujourd’hui, ressemble par sa forme au « mariage de jouissance » (zawâj al-mut’a), qui, pour les sunnites, fut prohibé (après avoir été autorisé durant les campagnes militaires du prophète), mais qui reste pratiqué par les chiites. Ses particularités sont qu’il s’inscrit dans une durée déterminée, qu’il se passe à huis clos, et qu’il ne donne aucun droit tacite à la femme : elle accomplit un acte physique sans conséquences sur la vie sociale du mari, car si elle est reconnue devant Dieu comme épouse, elle ne l’est pas devant les hommes.
Le mariage secret pratiqué aujourd’hui est toléré par toutes les instances religieuses dites de proximité, que sont les mosquées. Il permet à tout homme ayant une position sociale bien cotée (une réputation, une femme, des enfants, …) qu’il veut absolument préserver, de demander à une jeune femme (de préférence) de l’épouser, en secret, moyennant une contrepartie financière et lui permet de l’abandonner à sa guise en dégageant toute responsabilité.
Le mariage secret pratiqué aujourd’hui, n’entre-t-il pas en contradiction avec le fondement même du mariage en Islam ?
Le mariage secret pratiqué aujourd’hui, n’est-il pas un recul dans le respect des droits et de la dignité de la femme ?
Le mariage secret pratiqué aujourd’hui, n’est-il pas une porte ouverte à toutes les pathologies sociales combattues par toutes les religions : le mensonge, l’hypocrisie, l’inceste ou tout simplement la légitimation de la prostitution … ?”
(Extrait d’un article de Maimouna Mint Saleck : “Le mariage secret (AS-SIRIYYA), Prostitution légalisée?” en anglais et en arabe cliquer ici )
Mariage précoce :
“(…)Ceci dit, le mariage dans la société maure a ceci de particulier : bien que fortement soumis au « code » de Khlil (condensé de règles fiqhi malékites) et fortement imprégné de soufisme, il garde des coutumes ancestrales berbères des tendances monogamiques et matriarcales prononcées. Le droit de l’homme à avoir quatre épouses légitimes y est par exemple presque inexistant.
La précocité du mariage a tendance à scandaliser les étrangers. Il est exact que la fillette de sept ans pouvait être légalement mariée, mais dans ce cas elle restait chez ses parents jusqu’à la consommation du mariage, c’est-à-dire, à sa puberté.
Du Pigaudeau cite que l’âge coutumier, normal du premier mariage est celui que la nature a fixé elle-même, environ douze ou treize ans, l’âge de la puberté – l’âge de Juliette, celui d’Anne de Bretagne lorsque la raison d’Etat la contraignit à épouser le roi Charles VIII, et c’était un âge tout à fait normal en Europe à la fin du XVIIIe siècle.
Toute coutume sociale examinée objectivement a son explication : à 10 ans se termine l’instruction et comme la femme ne pratique ni art ni métier, il n’y a donc aucune raison d’attendre pour utiliser sa force et sa beauté naturelles et elle est préparée au mariage … et à son principale rôle dans une société nomade précaire : faire des enfants.
En Mauritanie, comme partout, il se fait une évolution lente – un peu trop peut-être – mais inexorable, des esprits et des goûts vers des idées nouvelles.
Aujourd’hui, le mariage précoce prend place dans le répertoire des violences, heureusement de plus en plus criminalisées et dénoncées, commises à l’encontre des femmes et des enfants, répertoire qui malheureusement ne cesse de s’étoffer : mutilations, gavage, agressions conjugales, viols, trafics …”
(Extrait d’un article de Maimouna Mint Saleck : Cliquer “Le Mariage précoce dans la société Maure”)
Mariage secret ‘serriya” :
Aujourd’hui, nous assistons à un phénomène nouveau dans notre société : as-sirriyya ou le mariage secret, pratiqué surtout en milieu urbain et par toutes les catégories sociales. Je dis nouveau, car cette forme de mariage était une exception concédée à des femmes vivant en milieu rural, qui n’avaient pas d’autres choix pour préserver leur dignité : veuves ou divorcées quinquagénaires, qui avaient un statut social bien ancré et reconnu qu’elles risquaient de perdre en contractant un mariage tardif difficilement justifiable.
Le mariage secret pratiqué aujourd’hui, ressemble par sa forme au «mariage de jouissance» (zawâj al-mut’a), qui, pour les sunnites, fut prohibé (après avoir été autorisé durant les campagnes militaires du prophète), mais qui reste pratiqué par les chiites. Ses particularités sont qu’il s’inscrit dans une durée déterminée, qu’il se passe à huis clos, et qu’il ne donne aucun droit tacite à la femme : elle accomplit un acte physique sans conséquences sur la vie sociale du mari, car si elle est reconnue devant Dieu comme épouse, elle ne l’est pas devant les hommes.
Le mariage secret pratiqué aujourd’hui est toléré par toutes les instances religieuses dites de proximité, que sont les mosquées. Il permet à tout homme ayant une position sociale bien cotée (une réputation, une femme, des enfants, …) qu’il veut absolument préserver, de demander à une jeune femme (de préférence) de l’épouser, en secret, moyennant une contrepartie financière et lui permet de l’abandonner à sa guise en dégageant toute responsabilité.
Le mariage secret pratiqué aujourd’hui, n’entre-t-il pas en contradiction avec le fondement même du mariage en Islam ?
Le mariage secret pratiqué aujourd’hui, n’est-il pas un recul dans le respect des droits et de la dignité de la femme ?
(Extrait d’un article de Maimouna Mint Saleck : publié dans la revue bilingue Cawtariyatt et dans le site web www.cridem.org)
Et aussi :
Sur le mariage et la polygamie en Mauritanie
Mariage des mineures en Mauritanie