Statut religieux
L’espace de pouvoir subtil, mais important
qu’occupe la femme dans la société mauritanienne
Statut réligieux
“La conception islamique est basée sur le fait que la femme, d’une manière générale, est un être humain comme l’homme, jouissant des mêmes droits et ayant les mêmes obligations. En effet l’Islam traite les deux sexes sur la base de la règle de complémentarité et de spécificité.(…).L’égalité des sexes à accéder à l’instruction est spécifiée à maintes reprises dans le Coran, comme par exemple, dans la Sourate Al Tawba,( 71). Le Prophète Mohamed, PSL a affirmé que “la recherche du savoir est une obligation pour tout musulman quelque soit son sexe” (Hadith rapporté par Al Boukhary).
En ce qui concerne les droits politiques, l’Islam ne fait pas de différence entre l’homme et la femme. Les Foughahas (savants et juristes) tels que Ibn Rouchd, Al Qurtubi et Al Kasani ont démontré que le Conseil de la Choura (Parlement) peut inclure des femmes qu’on consulte comme tous les autres membres et qui incitent au bien, conformément au verset 71 de la Sourate Al Taba. Selon la Chariaa, la femme a le droit de:
- choisir librement son époux ;
- garder son nom de jeune fille ;
- participer aux cérémonies religieuses ;
- pratiquer toutes les activités commerciales.
La femme jouit d’un certain nombre de droits spécifiques dont :
- la capacité d’une personnalité autonome en matière patrimoniale. Elle a la capacité d’obliger et de s’obliger dans les limites permises ;
- le droit de poser des conditions dans le contrat de mariage afin d’obtenir le divorce ou de se protéger contre la polygamie ;
- le droit de participer à l’organisation de la vie sexuelle du couple ;
- le droit de garde des enfants”.
(Extrait de “Guide des droits de la femme en Mauritanie”, réalisé par MINT ABDEL WEDOUD, Irabiha avec la collaboration de l’Imam OULD TAH, Hamden et le concours financier de l’Ambassade des USA à Nouakchott) .
Mais, peu à peu, cette pensée novatrice a été étouffée pour ne se réduire qu’à un culte traditionaliste figé. Habib Boularès a raison de noter que “la pensée, voire l’éthique, a été evacuée hors du temps et si l’Islam ne fut pas atteint, la société musulmane s’est, en revanche, sclérosée(1)”. En ce sens, les tentatives des bourgeoisies modernes, reprises à leur compte par certains hommes de l’Orient arabe comme Kemal Ataturk en Turqui, Riza Shah en Iran ou Bourguiba en Tunisie, relèvent de l’acte révolutionnaire ; supprimer le voile de la femme, symbole de la séparation des sexes, revenait à s’élever, non seulement contre la loi et les traditions coraniques, mais contre Dieu et son Prophète. Ces mesures avaient le mérite de permettre, à la longue, et par réaction en chaine, d’entrouvrir des cercles vicieux.” (Extrait de “Femmes d’islam ou le sexe interdit” de GAUDIO, Attilo et PELLETIER, Renée, éd.Denoël, 1980) .
Mernissi (1983) considère que les femmes sont manipulées par l’importance du hijab, devenu un marqueur d’identité féminine en même temps qu’arabo-musulmane. C’est un symbole, une frontière idéologique, qui définit l’espace social entre les hommes et les femmes, entre le public et le privé, entre l’Islam et l’Occident. Il établit les contours d’identité féminine autour de balises très strictes : la soumission de la femme, le contrôle de la sexualité féminine et la valorisation du rôle de mère”.(“Petites commerçants de Mauritanie”, SIMARD, Gisèle, éd.ACCT-Khartala, 1996 , p.77).