Maternité-Stérilité
Maternité & Stérilité
Milieu Pulaar
“L’épanouissement de la femme dépend de sa vie conjugale. Une fois que le mariage conclu et consommé que la femme a les possibilités effectives et réelles de faire preuve de sa fécondité. C’est à dire que la femme arrive à faire des enfants, à procréer et à transmettre la vie. C’est à partir du moment où la femme vit avec un conjoint que la société la juge au niveau de son comportement.En effet, elle doit faire de sorte pour ne pas décevoir la belle famille (beaux-parents, frères et sœurs). Dans cette société la vie conjugale est une affaire de deux individus ; mais elle (affaire) est surveillée et observée par l’ensemble du groupe. Ce qui veut dire que toute forme d’anomalie congénitale : c’est à dire, si l’on constate un retard à la procréation ceci suscite des questions et débats qui peuvent embêter le couple en général et la femme en particulier.Ce qui réitère l’idée précédemment avancée, qui consiste à dire que le rôle essentiel de la femme est de transmettre la vie. Cette actictivité maternelle est d’une valeur sociale qui peut parfois coûter la vie à la femme : « l’autre jour, le Docteur me racontait l’histoire d’une femme qui était venue le voir. Après consultation, il lui a conseillé de ne plus faire d’enfants car une nouvelle grossesse représentait un danger pour sa santé. Il lui a demandé d’informer son mari. Ils sont venus tous les deux voir le médecin qui a expliqué les risques d’une nouvelle grossesse. Le mari avait donné son accord quand la femme s’exclama : je ne suis pas de cet avis, car demain il épousera une autre femme qui viendra lui faire des enfants plein la maison et il se trouvera que j’aurai déjà arrêté. Je n’accepte pas. Le mari lui a dit qu’il était d’accord avec la proposition du docteur et l’a mise devant ses responsabilités. Dieu fit qu’elle tomba enceinte et quand arriva l ‘accouchement, le travail dura si longtemps qu’on appela le médecin. On s’apprêtait à l’opérer quand elle décéda »*. Pour la femme, enfanter constitue sa sécurité au sein de la famille (belle famille), et une garantie sociale.
(…) A côtés de ces considérations s’oujoutent d’autres facteurs qui sont de nature sanitaire. Car dans cette société le fait d’être pour une fécondité forte a été favorisée par le phénomène d’une mortalité élevée qui contrebalançait la natalité : « on a besoin de plusieurs enfants pour remplacer les enfants qui mourront et ceux qui seront ratés. Même si les temps sont durs, car chez nous chaque enfant qui naît vient au monde avec sa chance et l’enfant reste une garantie pour les vieux jours »*.
(…)les enfants sont aussi pour certaines personnes, un don de Dieu et c’est Dieu qui leur assure leur avenir, le fait de les refuser est une manière de se rebeller contre l’action divine”. (Extrait de « La perception du planning familial dans la communauté Haalpulaar en milieu urbain : cas d’El Mina », mémoire de maîtrise présenté par SOW Amadou Abou, Université de Nouakchott, Mauritanie, p.16-17).
Milieu maure
“(…) les mauresques ont un taux de fécondité inférieur à celui des femmes négro-mauritaniennes. Il y aurait, selon lui, trois explications essentielles à ce phénomène, les mauresques:
- se marient en moyenne plus tardivement que leurs concitoyennes négro-mauritaniennes ;
- pratiquent entre les grossesses des intervalles plus longs ;
- connaissent une instabilité conjugale plus importante (46% des femmes maures font l’expérience d’au moins une rupture de mariage, contre 17,9% seulement pour les négro-mauritaniennes);
Les autres variations explicatives utilisées lors de l’enquête de 1981 (alphabétisation, activité professionnelle, lieu et type de résidence) ne semblent pas avoir d’impact direct sur le niveau de fécondité par ethnie”.(Fécondité et ethnie en Mauritanie”, IGNEGNGBA, K., CERPAA-CERPOD).
Milieu Soninké
“La femme comme nous l’avons vu précédemment est vue comme un être inférieur dans cette société. Néanmoins elle y a un rôle majeur à jouer, à savoir la procréation.(…)Quant à la femme stérile, elle est parfois tenue pour responsable de son sort. On la traite de méchante, d’improductive. Ce qui conduit la société à la considérer comme unitile. Certains ne se gênent pas de dire qu’elle (femme stérile) n’est pas une femme car inféconde.”Il n’y a de femme que mariée et féconde”. Alors quele désespoir de ne jamais procréer la rend futile, l’état de la femme dans ce qu’elle a de plus naturel : sa coquetterie”.
(“L’image de la femme à travers les chants de mariage soninké”, CAMARA, Bambi, mém. de maitrise, FLSH-Université de Nouakchott, 1991-92, p.9).
Voir dans ce sens :
Les grandes causes de la mortalité maternelle en Mauritanie